Le site de Fontenoy

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Les dames américaines
Mme Olympe Leroux se souvient aussi de ce retour : « Mon père étant entrepreneur, il a dû revenir en priorité à Fontenoy pour mettre en place des baraquements. Dès qu’il y en avait un de terminé, la famille arrivait pour s’installer. Nous, nous sommes revenus à la fin de 1919 ou début de 1920. Mais on n’avait plus rien ! Heureusement, le comité américain, dirigé par Anne Morgan, a beaucoup fait pour aider la population à se réinstaller ! Les dames américaines, comme on les appelait, avaient un baraquement près de la maison Delage et elles distribuaient les matelas, les couvertures, la vaisselle, de la nourriture, de quoi cultiver les jardins. »

Quant à M. Firino, le maire, il avait pris en main « l’œuvre de l’Aisne dévastée ». Dès le mois d’avril 18, M. Firino avait pu entasser dans son château non encore détruit, tous les secours qu’il avait pu réunir ; des sacs de sucre, du chocolat, du matériel de cuisine, des vêtements, des chaussures, des instruments agricoles. Hélas, lors de l’attaque allemande et de l’évacuation du 31 mai, une grande partie de tout cela avait été perdue. Mais, dès la véritable libération, le comité américain réapprovisionna. Aussi, le conseil municipal de Fontenoy envoya-t-il une lettre de remerciements aux habitants d’York pour leur grande générosité. Les Américaines de Miss Morgan apportèrent, en plus du matériel nécessaire, un véritable réconfort moral. Alors qu’on venait tout juste de rouvrir l’école dans une baraque, les enfants, qui avaient tant souffert de ces années de guerre et de privation, furent envoyés en Bretagne pour prendre un bon bol d’air pur. Pendant un an, Odette, Olympe,… et bien d’autres allèrent à Paimpol où elles passèrent leur certificat d’études. Et quand elles revinrent à Fontenoy, le village était en plein travaux.

Déblayer et reconstruire
Car on travaillait vite et dur pour reconstruire les maisons. Le déblaiement des ruines fut confié à l’entreprise Buffet tandis que M. L’Hont, architecte parisien, proposa les plans de réalignement qui suivirent presque ce qui existait avant. Des entreprises venues du Centre et de Cognac, comme Zanolli et surtout Holier-Garget employèrent beaucoup de monde et notamment des Portugais et des Italiens. Luce se souvient de cette époque : « Il fallait voir les chariots chargés de gros blocs venant de Vassens et tirés par de longs attelages. Aussitôt, les scieurs de pierre se mettaient à l’ouvrage et les maisons se montaient à vue d’œil. Tout était presque terminé en 1922 ! Et les anciennes chaumières couvertes en paille qu’on trouvait tout au long de la route furent remplacées par des maisons plus solides et confortables ». En attendant la reconstruction de l’église, la messe était dite par l’abbé Lahaye (Mme. Mérat était sa servante) dans une baraque installée à côté des marronniers de l’entrée du château. « Mais avant, le pauvre curé n’avait qu’une cave où ma sœur ainée s’est mariée » raconte Odette. Pendant ce temps, sur le plateau, après quelques hésitations devant cet immense chaos de tranchées et de barbelés qui rendaient incultivables cette zone rouges sur 305 hectares, on reboucha les trous, on enleva les obus… pour remettre ces terres en culture et les fermes de Châtillon, de la Tour avec pour régisseur M. Charles Lefèvre, et celle de M. Albert Lefèvre près de l’église… retrouvèrent leur animation. À la gare, de l’autre côté de la rivière que l’on traversa longtemps en barque avant la reconstruction du pont, on avait mis en place une voie de 0,60 m qui permettait d’emmener les pierres à Cœuvres, par Ambleny et Laversine. Mais cette voie ferrée de fortune fut vite inutilisée dès 1921 et démontée en 1923.
La coopérative de reconstruction s’affaira sous la direction de l’ingénieur laonnois Gilliard. Dès 1921, le conseil décida la réfection de la mairie-école où l’on projetait de créer une classe enfantine, elle fut repoussée à 1927. Pour la mairie, l’école de filles, le presbytère, le cimetière, le lavoir… il en coûta presque six cents mille francs de réparations à la commune, une dépense couverte en grande partie par les dommages de guerre.