Les maisons et l’église reconstruites, le village se remit au travail autour des fermes du pays. Des 517 habitants dénombrés en 1851, on n’en comptait plus que 418 en 1901, un chiffre qui diminua encore après la guerre avant de remonter à 441 en 1936.
Cette année-là, le conseil décida de brancher les écarts sur la fée électricité et de faire exécuter les travaux sur le chemin rural de Confrécourt. Six jeunes Filles de Fontenoy se rendirent régulièrement à l’école d’Osly-Courtil où l’institutrice, Mme. Moretti, donnait des cours d’enseignement ménager… tandis que ces messieurs prenaient les carabines en main en s’inscrivant à la société de tir et sports « La Patriote » dont la trésorerie était assurée par M. Létoffé. En 1937, le corps de sapeurs-pompiers, reconstitué en 1924, ne comptait plus que trois hommes car les autres étaient partis au service militaire. Heureusement, on n’eut guère besoin de ses services ! Aussi, en 1938, après la démission du capitaine Leroy, le corps fut-il rattaché au centre de secours de Vic-sur-Aisne. Le 1er juillet 1939, M. Roger fut nommé garde champêtre et le conseil ne tarda pas à lui voter un crédit de 18,40 F pour acheter de la farine et de la colle… pour apposer les affiches de la mobilisation. Car la guerre éclata de nouveau.
L’exode sur les routes
Déclarée le 3 septembre 1939, cette guerre ne fut présente dans la région qu’au mois de mai 1940. le 16 mai, en voyant l’armée française se replier et les avions allemands lâcher leurs bombes sur la voie ferrée, les habitants de Fontenoy comprirent que l’invasion était proche. L’ordre d’évacuation ayant été donné, on commença à cacher tout ce que l’on put dans les caves, surtout dans l’une de celles du château de Port qui fut murée. Puis avec les vélos, les brouettes, les remorques chargées de tout ce que l’on pouvait emporter, on prit la route dès le 16 mai 1940.
Mme. Marie Meunier se souvient : « On était en remorque derrière un tracteur à chenilles qui n’allait pas vite pour aller jusqu’en Charentes-Maritimes. C’est sur la route, à Chaumont-en-Vexin, que Mme. Balsan, dont l’auto était surchargée, fut tuée ». « C’était la débâcle, ajoute Mme. Gourlez. Nous avions des charrettes sous lesquelles on couchait pendant la nuit. Car il faisait chaud ! On devait même se protéger du soleil avec nos parapluies ! Et on a été mitraillés par les avions italiens Puis, après Cosne-sur-Loire, les Allemands nous ont dépassés ! » Odette Mélin, elle n’est pas allée si loin puisqu’elle a vu de près les uniformes verts de gris dès Longpont ! Quant à Luce Lefèvre, elle évacua en Normandie où elle était allée, toute petite, en 1914 ! Mais les Allemands avancèrent très vite. Le 7 juin 1940, les derniers éléments des 170ème R.I., et du 9ème Zouaves franchirent l’Aisne pour s’installer sur les plateaux de Ressons et Montigny afin de retarder l’avance ennemie. Ils firent alors sauter le pont à Port. Geste inutile puisque la vague d’assaut de la 98ème Division motorisée passa l’Aisne sans gros problème pour déferler vers le sud.
Le retour et l’occupation
L’armistice signé le 22 juin, les habitants de Fontenoy revinrent dans leur village. Non sans mal ! « C’était la zone rouge en juillet. Alors, il fallait un laissez-passer. Nous avons franchi l’Aisne au pont de Berneuil qui n’était pas démoli. Et, en arrivant à Fontenoy, quel triste spectacle ! Les portes et fenêtres avaient été fracturées, nos maisons pillées. Pas toujours par les Allemands mais par d’autres réfugiés ! » Ce fut ensuite l’occupation avec son cortège de privations et de rationnement. « Les Allemands étaient seulement de passage à Fontenoy. Ils étaient assez corrects et venaient souvent au château même s’ils n’aimaient pas les paons du parc. La Kommandantur était à Ambleny. Là-bas, c’était plus sérieux et moins rassurant. Comme lorsqu’ils venaient chercher les réquisitions ! Mais ça n’a pales soldats sont arrivés pour les embarquer, toutes les bêtes s’étas empêché de les berner dés qu’on le pouvait. Comme le jour où le père Baillet, le jardinier du château, a fait un trou dans la clôture du parc à moutons. Au moment où ient enfuies ! On n’allait pas leur laisser cette nourriture alors qu’on subissait le rationnement et que, chaque semaine, le pays était obligé d’aller se ravitailler à » la Tète Noire à Soissons ! « ».
Mais il fallait des bons pour tout, Alors, chacun se débrouillait comme il le pouvait. On cultivait l’œillette qu’on portait à l’huilerie de Cagny chez M. Rochard pour avoir de l’huile pour la cuisine. En 1942, le conseil obtint un litre de pétrole par famille pour ceux qui n’étaient pas éclairés à l’électricité. C’était peu, mais il fallait s’en contenter. Dès 1940, la population refusa le projet d’établir un bac sur l’Aisne et demanda la reconstruction du pont tandis qu’on aménagea un terrain aux Mardensons pour l’entraînement de l’éducation scolaire et physique.