Le site de Fontenoy

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Trois mois dans les caves
Mais le calvaire de Fontenoy n’en fut pas terminé pour autant. Les canons français postés sur les crêtes au sud d’Ambleny et de Ressons tiraient sans cesse, tout comme l’artillerie allemande installée à Nouvron et qui visait particulièrement le pont de bateaux. Le 27 novembre, la Ferme de la Tour et Châtillon, où étaient cantonnées des troupes, furent bombardées et la population civile paya un lourd tribut. Mme. Naïse Pottier, touchée par un éclat, et Désiré Voiret furent tués, tandis qu’un soldat qui moulait du café à la maison Delage face à la mairie eut la tête coupée. Il valait mieux sortir le moins possible !

« Nous sommes restés cachés dans les caves du château de M. Firino pendant trois mois, se souvient Mme. Leroux. C’était très profond et chaque famille ne disposait que d’un peu de paille pour dormir, et d’un casier à bouteille pour ranger le peu d’affaires quelle possédait. Pour le repas, on retournait une caisse et on mangeait à la gamelle des soldats. On était nourri par eux… Et c’était souvent du riz ! Je me souviens d’une famille qui avait un peu de vaisselle. Et quand le grand-père “piochait” trop souvent dans le plat, sa fille lui disait : “pas trop vile, gourmand !” Ça nous faisait rire ! Nous étions des enfants. Heureusement que nous gardions le moral car, croyez-moi, il y a des images qui nous ont frappés et que je revois encore ! Tous ces blessés qui arrivaient la nuit et qui criaient, qui pleuraient, ensanglantés… C’était terrible ! ». Ces images des corps meurtris de ces hommes atteints par la guerre dans leur chair, Olympe, Odette, Anna… en ont été marquées pour toute la vie.

Une ambulance au château
Il faut dire que le château de la famille Firino avait été transformé aussi en ambulance où l’on soignait des dizaines de blessés qui, venant du front, y recevaient les premiers soins avant d’être emmenés à Villers-Cotterêts. Pour aider les chirurgiens, les docteurs, les infirmières… les habitants de Fontenoy réunis autour de leur maire, M. Firino, ne ménagèrent pas leurs efforts. Mme. Mennechet, Julie, la cuisinière, Thomas, le jardinier, M. Griffon, l’instituteur, Cécilia Tassart… et bien d’autres lavèrent les blessés, leur apportèrent un réconfort alors qu’ils étaient eux-mêmes très éprouvés.
Mais, courant décembre 1914, l’ordre arriva du quartier général : il fallait évacuer les enfants. Et bientôt, pour ne plus être sous les bombardements, la plupart des familles réunirent les quelques objets auxquels elles tenaient et évacuèrent vers Villers puis la Normandie. Mais certains allèrent moins loin Ainsi, les Judas de Port se retrouvèrent à Cuise-la-Motte chez une tante, et les Meunier à Saint-Pierre-Aigle où Lucien fit la connaissance de la petite Marie… qu’il épousa bien plus tard après la guerre.
Mais, à Fontenoy le massacre continua et, le 31 janvier 1915, lorsque les rescapés des 305ème, 292ème et 321ème furent relevés, ils érigèrent, à Port, un modeste monument à la mémoire de leurs camarades tombés au champ d’honneur. En défilant devant la pierre, certains durent également avoir une pensée pour Léonard Leymarie, fusillé le 12 novembre 1913 sur ordre du conseil de guerre pour faire un exemple.